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L'ENGAGEMENT  DANS  LE  MONDE  RURAL :


      
DU  REDUIT D’ AIRE DE  COTE  AUX

MAQUIS  CEVENOLS

 

 Collège Alphonse Daudet

     2005-2006

INTRODUCTION :  LE  GARD  SOUS  LE  REGIME  DE  VICHY

                                                                                       Zouhair Moubssit

                                                                                       Clara Bringuier

La période 1940-1944 est marquée par une dégradation des conditions de vie pour les populations gardoises.

Avant la guerre, le Gard vit à peu près en autarcie, avec une agriculture dominée par la vigne qui occupe 60% des terres cultivables. Dans les vallées des gardons, de la Cèze et du Rhône, elle partage les terres avec les arbres fruitiers, les céréales, les légumes et les prairies. En général, dans le monde rural gardois, les revenus sont assez modestes.

Après l’armistice du 22 juin 1940, qui marque la défaite des armées françaises, les conditions de vie se dégradent rapidement. C’est tout d’abord l’aggravation des conditions matérielles, avec les problèmes de ravitaillement. En effet, dès la fin 1940, le Gard souffre du manque de produits essentiels comme les légumes, la viande. Les mesures de rationnement ne permettent pas d’améliorer la situation : en décembre 1940, dans la région d’Alès, la moitié seulement de la ration légale de viande et de charcuterie a été réellement distribuée. Dans de nombreuses communes, les Gardois manquent aussi  de vêtements, de chaussures, de combustible pour se chauffer, d’engrais et de semences pour les cultures …La situation ne fait que se dégrader les années suivantes, surtout après l’arrivée des troupes allemandes dans le département, le 11 novembre 1942.

Les populations souffrent aussi des prélèvements de main-d’œuvre ordonnés par les Allemands : fin 1942, la Relève oblige à envoyer des ouvriers spécialistes dans les usines allemandes. Puis, en février 1943, la loi sur le Service du Travail Obligatoire impose le départ des jeunes pour aller travailler dans l’économie de guerre allemande. Les Gardois sont aussi marqués par les nombreuses arrestations et déportations qui ont lieu pendant toute la période, d’abord dans des camps d’internement en France, puis dans les camps de concentration en Allemagne. Les 25 et 26 août 1942, 59 hommes, femmes et enfants juifs sont raflés à Nîmes puis déportés. Après l’arrivée des Allemands dans le Gard, le 11 novembre 1942, ceux-ci mènent plusieurs opérations meurtrières de représailles contre les résistants : le 1er juillet 1943 contre le premier maquis d’Aire-de-Côte, ou le 29 février 1944 contre le maquis d’Ardaillers (voir chronologie). Des innocents sont arrêtés et maltraités, certains sont assassinés pour faire peur aux populations, comme les quinze otages pendus à Nîmes, le mars 1944.

Tout cela explique que les populations gardoises soient, dans leur grande majorité, hostiles au régime de Vichy et aux Allemands.

 

PREMIERE  PARTIE :  L’EVOLUTION  DU  MAQUIS

                                                                                         Clara Bringuier

                                                                                        Medina Hidèche

Quelles ont été les grandes étapes dans l’histoire du maquis ?

 

A) LES  PREMIERS  REGROUPEMENTS

Le premier maquis du Gard est né de l’initiative de quelques résistants de l’Armée Secrète. Avant de parler d’un maquis, l existe d’abord un réduit et une « pouponnière » où sont cachés de jeunes réfractaires qui refusent de partir travailler en Allemagne

-         en janvier 1943, une quinzaine d’ouvriers spécialistes réfractaires sont cachés dans la « Baraque du Bidil », près de la maison forestière d’Aire-de-Côte, dans l’Aigoual. Mais, ils se dispersent moins de deux mois après.

-   Le 3 mars 1943, un plombier de Nîmes, René Rascalon cache des réfractaires dans une « pouponnière » près de Nîmes. Puis, pour des raisons de sécurité, il les amène dans les montagnes des Cévennes : d’abord dans la ferme du Barrel, à Saint-André-de-Valborgne, puis à la Baraque du Bidil. Avec l’arrivée de nouveaux réfractaires (début du STO en février 1943), le maquis compte jusqu’à 120 hommes, dirigés par Jean Castan. Mais certains s’en vont, découragés par le manque d’armes.

B) L’ATTAQUE  ALLEMANDE

Le 1er juillet 1943, le camp est attaqué par les parachutistes allemands après la trahison d’un ancien maquisard qui avait été chassé du groupe. Trois maquisards sont tués dans le combat (en fait les résistants n’ont pas pu se défendre), et quinze sont blessés, dont quatre meurent de leurs blessures faute de soins. 43 maquisards sont faits prisonniers. Parmi eux, deux résistants d’origine allemande sont fusillés ; les autres sont déportés dans les camps de concentration, où 22 d’entre eux sont morts. Seulement 19 en sont revenus, marqués par les mauvais traitements.

Une partie des maquisards, dont Jean Castan, parvient quand même à s’échapper et à se réfugier dans des fermes voisines.

C) LES  FUSIONS

Au printemps 1943, de nombreux jeunes des classes 1941 et 1942 refusent de partir travailler en Allemagne comme l’impose le STO. Les groupes de résistants gardois, plutôt implantés dans les villes, décident alors d’organiser d’autres maquis, dans les zones rurales pour les cacher, puis les préparer au combat.

-   près de Lasalle, Robert Francisque, régisseur du château de Malérargues et Guy Arnault, boulanger à Lasalle cachent des réfractaires à partir d’avril 1943

-       en avril 1943 aussi, le pasteur protestant Laurent Olivès crée le maquis d’Ardaillers ou maquis de la Soureilhade (nom de l’endroit où il est installé). Attaqué par les SS de la Division Hohenstaufen le 28 février 1944, le maquis se réfugie en Lozère, à Vébron.

Les rescapés d’Aire-de-Côte rejoignent d’abord le groupe de Lasalle pour former le maquis de Lasalle, qui doit souvent changer d’emplacement pour échapper aux Allemands. Par exemple, le 10 mai 1944, il perd un de ses chefs, Robert Francisque, abattu par des Waffen SS. Le 12 juillet 1944, le maquis de Lasalle fusionne avec le maquis de la Soureilhade pour former le maquis Aigoual-Cévennes qui compte, à ce moment là, 350 hommes.

D) LE  PLUS  GRAND  MAQUIS  GARDOIS

Ce maquis est commandé par le colonel Colas (« Matignon ») et par un Directoire qui comprend R. Rascalon, L. Olivès et Marceau Bonnafous, responsable du groupe franc. Il est renforcé par l’arrivée de nombreux jeunes, puis par le ralliement d’autres maquis comme celui du Col de Mercou et celui du Col de l’Homme Mort, ce qui le fait passer à 1000 hommes fin juillet 1944 et à 1500 vers le 15 août. A ce moment, 450 gendarmes rejoignent le maquis qui compte jusqu’à 2500 hommes au moment des combats de la libération de la région. 

E)  LE  ROLE  DU  CORPS  FRANC

Le Corps Franc est un groupe qui dépend  du maquis et qui est chargé de mener des opérations pour récupérer du matériel indispensable à la vie du maquis. Il possède un effectif limité : rarement plus de dix hommes, dirigés par Marceau Bonnafoux et Christian Cayet, avec Jean Castan, Léon Héraud, Fernand Bompart, Georges Peillon… Pour des raisons de sécurité, afin de ne pas faire courir de risque aux autres maquisards, le groupe est stationné assez loin de Lasalle et du maquis. Il ne cherche aucune action d’éclat mais mène deux sortes d’opérations :

- des opérations d’isolés, effectuées par   un ou deux résistants : transmission d’ordres, de courrier, missions d’information, transport de tickets d’alimentation…

-    des opérations de groupe : par exemple, fin mars 1944, le Corps Franc a été informé de l’existence de plusieurs camions de l’armée française, camouflés dans la maison forestière du Marquairès, en Lozère. Marceau Bonnafous monte l’opération et la réussit, ce qui permet de récupérer, pour le maquis de Lasalle, trois camions, deux cents couvertures, vingt fusils de guerre et leurs munitions.

                                                   1943

-         janvier : formation d’un premier « réduit», à Aire-de-Côte, avec une vingtaine de réfractaires refusant le départ en Allemagne.

-         début mars : installation, près de Nîmes, au Mas Rouquette, d’un maquis Armée Secrète, fondé par René Rascalon

-         15 mai : transfert des réfractaires à Aire de Côte

-         mai: la pasteur Laurent Olivès installe une dizaine de réfractaires à La Combe (près de Valleraugue) : c’est le début du maquis d’Ardaillers

-         mars : formation du maquis de Lasalle

 

-         01-07 : attaque des troupes allemandes contre le maquis Aire-de-Côte : 7 résistants tués, 15 blessés

-         04-08 : fusion des maquis de Lasalle et d’Aire-de-Côte

                                                       1944

 

-  01-02 : défilé des maquisards dans Lasalle, dépôt de gerbes au monuments aux morts

 

   -  29-02 : attaque allemande contre le maquis d’Ardaillers

   -         12-04 : attaque allemande contre les maquis de la Vallée Française

 

   -         10-05 : R. Francisque tué par les Waffen SS à Lasalle

 

   -         16-06 : combat entre maquisards et troupes allemandes au château de Cornély (Lasalle)

 

   -         12-07 : création du maquis Aigoual-Cévennes né de la fusion des maquis de Lasalle et de la Soureilhade- Ardaillers

 

   -         10-08 : échec d’une tentative du maquis Aigoual-Cévennes pour prendre le contrôle du Vigan , mort de M. Bonnafoux (« Marceau »)

DEUXIEME  PARTIE :  LES  HOMMES  DU  MAQUIS

A) L’ ENGAGEMENT  DANS  LA  RESISTANCE :  DOUZE  TEMOIGNAGES

                                                                                 Priscillia Mesa Garcia

Pourquoi et comment s’engager ?

Douze maquisards de l’Aigoual-Cévennes ont complété un questionnaire tiré de la « Lettre de la Fondation de la Résistance », en décembre 2002.  Agés de 15 à 21 ans au moment de la défaite, ils expliquent les raisons et les formes de leur engagement. Nous pouvons retenir 5 idées principales.

1) Sur 12, seuls 4 jeunes n’étaient pas engagées avant la guerre. Parmi les 8 autres, 3 sont engagés dans des partis et syndicats de gauche antifascistes, ce qui peut expliquer leur engagement résistant (1 au parti communiste, 1 au parti socialiste, 1 au syndicat CGT). Le plus marquant est que 6 sur 12 signalent leur engagement religieux protestant : pour la moitié de ces résistants, les valeurs de la religion protestante (l’attachement à la liberté individuelle, le souvenir des persécutions contre les Camisards cévenols) ont joué un rôle dans leur entrée en résistance. Il faut souligner aussi l’impulsion donnée par les pasteurs cévenols, comme le pasteur Olivès, qui a créé et dirigé un maquis.

2) Les sentiments de ces jeunes en 1939-1940 reflètent un peu l’état d’esprit de tous les Français. Chez 3 sur 12, c’est l’inquiétude (citée 2 fois) et la crainte qui l’emportent car le père de famille a été mobilisé. Mais les sentiments dominants sont plutôt la confiance en la victoire (mentionnée 6 fois) et la satisfaction d’en finir rapidement avec Hitler (exprimée aussi 6 fois). Par conséquent, la déroute rapide des armées françaises et la demande d’armistice de Pétain sont ressenties avec une grande stupéfaction (citée 6 fois), honte et déshonneur (4 fois), tristesse et désarroi (3 témoignages).

3) Comment ces 12 personnes sont-elles passées d’un sentiment d’abattement à la volonté de se battre ? A la question « vos êtes-vous engagé par réflexe ou la suite d’une longue réflexion ?», 6 des 8 résistants qui ont répondu ont noté que leur engagement avait été un réflexe. Celui-ci a trois motivations principales, citée chacune 7 fois : le patriotisme, le refus de l’occupation du pays et la volonté de lutter contre l’idéologie nazie. Viennent ensuite le refus de l’armistice (cité 5 fois), l’appel du 18 juin et l’engagement de Vichy dans la voie de la collaboration (chacun cité 3 fois). Ainsi, on peut souligner que l’engagement dans la Résistance est d’abord une lutte pour les libertés, les libertés individuelles (supprimées par les nazis et le régime de Vichy) et la liberté d’un pays.

La famille et les proches jouent souvent un rôle important dans cet engagement : pour 9 sur 12, la famille était pleinement au courant des activités, et, dans 3 cas, cet engagement concerne toute la famille proche. Cinq des personnes interrogées soulignent qu’elles sont entrées en Résistance par l’intermédiaire d’un ami : par exemple, un des résistants que son engagement est d’abord lié à son amitié avec Robert Francisque.

4) Toutes les personnes interrogées ont appartenu à un maquis, qui a participé à des combats pour la libération du Gard. Mais elles citent aussi d’autres formes de lutte : 4 ont effectué des missions de liaison entre groupes, ce qui est vital pour mener des actions coordonnées efficaces. Trois parlent de la distribution de tracts et de graffitis, pour contrer la propagande de Vichy. Deux ont caché des personnes persécutées (soit des jeunes réfractaires refusant de partir en Allemagne, soit des juifs). Les autres formes de lutte citées sont les sabotages (pour gêner l’ennemi), la surveillance des allées et venues des Allemands et des Miliciens (pour prévenir les résistants d’un danger), l’écoute de la radio anglaise (pour échapper à la censure de Vichy), le refus d’obéir aux ordres (cité par un militaire).

5) De leur vie quotidienne au maquis, les résistants retiennent, pour la plupart, les mêmes idées et les mêmes images : c’est la précarité et les difficultés matérielles (la faim, dormir dehors…un des résistants résume sa vie matérielle dans la résistance par l’expression « peuchère » !).  Il faut y rajouter le sentiment de peur, le fait d’être toujours sur le qui-vive : 8 sur 12 affirment qu’ils avaient conscience des risques, pour eux, pour leurs proches et pour les populations des alentours (craintes sûrement renforcées par les opérations punitives lancées par les SS fin février 1944 dans les Cévennes). Mais ces difficultés sont surmontées grâce à « une confiance inébranlable », à l’ «exaltation » du combat et surtout (c’est mentionné 8 fois) grâce à la camaraderie, au sentiment de fraternité entre tous ceux qui partagent la même vie, les mêmes difficultés et la même lutte.

B) QUELQUES  CHEFS  DU  MAQUIS               

                                                                                    Médina Hidèche

Qui dirige le maquis ?

Robert Francisque : né à Saïgon en 1906, il a été militaire de carrière, puis est devenu régisseur de la propriété de Malérargues. Il est un des responsables du maquis de Lasalle dès sa création et s’occupe, en particulier, de l’école des cadres mise en place à Malérargues pour apprendre aux réfractaires à se battre. Il participe aussi aux opérations du Corps Franc (sabotages, coups de main). Pour aider à payer le ravitaillement et l’équipement des maquisards, il vend sa collection de timbres rares. Il prend même le risque de rentrer dans la Milice, chargée de traquer les résistants, ce qui lui permet de renseigner les résistants. Mais il est tué par les SS allemands le 10 mai 1944.


 

René Rascalon : né en 1898, il est artisan plombier à Nîmes. Il regroupe d’abord des Nimois qui veulent continuer à se battre et, avec eux, organise des sabotages et des manifestations, comme le 11 novembre 1942 à Nîmes. A partir du début 1943, il cache des réfractaires au STO chez lui, puis les emmène à Saumane dans les Cévennes : c’est le début du premier maquis. Nommé chef départemental des maquis, il s’occupe de ravitailler le maquis qui se déplace plusieurs fois. En juillet 1944, il est un des chefs de l’Aigoual-Cévennes. Il est décédé en 1982

Marceau Bonnafoux: Né en 1910 à Anduze, il dirige une petite entreprise de décoration à Nîmes. Entré dans la résistance, il distribue des tracts à Nîmes, et inscrit des graffitis contre le régime. Recherché par la police, il rejoint le maquis de Lasalle à l’automne 1943 et devient le chef du Corps Franc chargé des coups de main qui permettent d’équiper et de ravitailler le maquis. Mais, le 10 août 1944, il est tué lors de l’attaque de la garnison allemande du Vigan. Sur sa stèle au Vigan, on peut lire « il fut le premier partout même à la mort ». Pour lui rendre hommage, le commandant Colas l’a décrit comme « héros extraordinaire de cette guerre extraordinaire ».

Jean Castan : Né au Havre en 1920 mais issu d’une famille gardoise, il s’engage en 1939 dans l’armée de l’air puis, après la défaite, il est muté dans la marine à Toulon. Il démissionne en septembre 1942 et choisit d’entrer dans la clandestinité pour se battre. Quand le premier maquis est installé à Aire-de-Côte, c’est lui qui est choisi par Albert Thomas, chef départemental de l’Armée secrète pour commander le camp. Rescapé de l’attaque allemande, il rejoint le maquis de Lasalle, puis devient responsable du Corps Franc après la mort de Marceau Bonnafoux.

C)  L’AIDE  A  LA  RESISTANCE                             Ester Chambonnet

Comment aider les personnes persécutées, malgré les risques ?

 

1)     La fourniture de faux papiers

Elle est vitale, car la nourriture est rationnée, donc on ne peut s’en procurer que si on a des papiers d’identité pour obtenir une carte de rationnement. Mais, pour tous ceux qui sont recherchés par la police ou les Allemands (par exemple les réfractaires au STO), il est impossible de présenter ses vrais papiers.

Certains fabriquaient de faux papiers d’identité ou aidaient à en fabriquer, avec, parfois la complicité de policiers ou d’employés de mairies. Par exemple, Jeanne Boyer, institutrice à Saint-André-de-Valborgne, fournit à des personnes vivant dans la clandestinité des faux papiers obtenus d’un policier résistant de Toulouse. A Mandagout, le pasteur Georges Gillier dispose d’un faux tampon de la mairie de Nîmes, confectionné avec la complicité du directeur de la Caisse d’Epargne du Vigan et l’utilise pour fabriquer des cartes d’identité.

2)     Le ravitaillement des résistants

     Même si les maquisards peuvent tirer de la nature quelques ressources (châtaignes à l’automne), ils dépendent, pour leur ravitaillement, de l’aide de la population des campagnes. Certaines mairies les aident de façon clandestine, par exemple à Bréau-et-Salagosse, où le secrétaire de mairie leur fournit des cartes d’alimentation. Mais ce sont surtout les populations des environs qui les ravitaillent, soit en leur donnant directement de la nourriture (les agriculteurs, ou les commerçants comme le boucher Martin ou le boulanger Guy Arnault à Lasalle) soit en leur procurant un travail saisonnier, comme la famille Malzac, à Mandagout. 

3)     Cacher des réfractaires et des personnes recherchées

     Sous le régime de Vichy, de nombreuses personnes sont obligées de se cacher : les jeunes qui refusent de partir travailler en Allemagne, les opposants à Pétain et aux Nazis, les juifs qui sont recherchés pour être déportés. Beaucoup se réfugient dans les régions rurales peuplées comme l’ouest et le nord du Gard. Les témoignages rapportés par Aimé Vielzeuf montrent que les paysans cévenols cachent ces personnes persécutées en attendant de pouvoir les orienter vers les maquis ou de trouver des filières qui les feront passer en Espagne ou en Suisse.

-         dans la région entre Saint-Ambroix et Barjac, en 1943, des agriculteurs résistants qui appartiennent au maquis « Feu », comme les frères Chabrier , cachent des réfractaires au STO qu’ils aident ensuite à gagner les maquis de l’Armée Secrète

-         A Mandagout, à la demande du pasteur Gillier, les familles Abric, Pelatan…abritent des allemands antinazis réfugiés en France depuis l’arrivée au pouvoir d’Hitler

-             A Sainte-Croix-de-Caderle, en 1941, Hélène et Fernand Auriol hébergent dans leur ferme du Moulin trois juifs, un couple de diamantaires d’Anvers, M. et Mme Getzeller et Frida Semmelman, une adolescente séparée de sa famille. A Saint-Hilaire-de-Brethmas, la famille Daufès accueille une vingtaine de réfugiés juifs dans leur propriété agricole du « Chalet ».

4) Un exemple : le témoignage de Pierre Guiraud, à Saint-Hippolyte-du-Fort

A Saint-Hippolyte-du-Fort, de 1940 à 1944, de nombreuses familles cévenoles qui étaient contre le régime de Vichy et les nazis et qui voulaient retrouver une France Libre aident les maquisards des maquis environnants. Pour cela, des réunions secrètes sont tenues chez des partisans, comme chez M. Armand Gaillardon. La plupart du temps, elles se passent le soir, à l’abri des regards indiscrets, car l’endroit était très surveillé. Parfois, certains habitants peuvent nouer des liens avec des soldats allemands antinazis, qui leur apportent un peu de nourriture (boule de pain noir, paquet de beurre, tabac…), comme le soldat « Paul » à la famille Guiraud.

Certaines familles cévenoles apportent des provisions aux maquisards, avec la complicité des gendarmes qui ont connaissance de ce trafic mais ne disent rien. Les résistants comptent aussi sur ces habitants pour les prévenir au cas où les SS  viendraient essayer de les arrêter.

Chacun à sa manière peut aider les maquisards : par exemple, certains docteurs montent au maquis ou les rejoignent dans leur cachette pour leur donner des soins, comme le docteur Roman ou le docteur Laget. D’autre part, certains artisans mettent leurs services à la disposition des résistants, comme des cordonniers en réparant leurs chaussures ou en leur fabriquant des ceinturons.

Enfin, pour assurer la liaison avec les autres maquis, des habitants des villages cévenols servent d’intermédiaires pour transmettre des messages, comme Pierre Guiraud qui cache des messages dans sa pompe à vélo.

Ainsi, toutes les catégories de la population, chacune à sa manière, peut apporter une aide aux résistants.

TROISIEME  PARTIE : LE MAQUIS AIGOUAL-CEVENNES  ET  LA    

                                                  LIBERATION  DU  GARD        

                                                                                                          Raphael Virga

Comment le maquis a-t-il participé à la libération du département ?

Le 12 juillet 1944, au village de l’Espérou, les maquis Armée Secrète d’Ardaillès et de Lasalle fusionnent : c’est la naissance du maquis Aigoual-Cévennes, le plus puissant des Cévennes. Dès ce moment-là, il compte plus de 400 hommes


-         Les renforts : ce maquis est renforcé par l’arrivée de gendarmes de plusieurs brigades, qui le rejoignent les 7 et 8 juin 1944 (brigades d’Anduze, de Lasalle, de Lédignan, de Saint-Hippolyte-du-Fort et de Sumène). Le 14 août 1944, 270 gendarmes de l’Hérault conduits par leur commandant départemental, Colonna d’Istria , se mettent à la disposition du maquis. Ce renfort est important car les gendarmes apportent des véhicules et surtout de l’armement et des munitions qui manquent souvent aux résistants.

-         L’armement : le maquis reçoit aussi du matériel parachuté par les Alliés. Près de Montdardier, sur le Causse de Blandas, 64 containers remplis de fusils mitrailleurs, de fusils, de grenades arrivent à la mi-juillet. D’autres parachutages, organisés par le groupe de la Section Atterrissages et Parachutages dirigé par Georges Pennincx ont lieu dans les nuits du 30 au 31 juillet 1944 et du 14 au 15 août 1944.

-         Les chefs : le maquis est commandé par un directoire. Celui-ci comprend les chefs des maquis d’origine, le pasteur Olivès (Ardaillès), René Rascalon et Guy Arnault (Lasalle), Marceau Bonnafous (chef du Corps Franc) et le commandant d’aviation Colas (« Matignon ») envoyé par la direction de la Résistance, avec l’accord du gouvernement provisoire du général De Gaulle à Alger. Le maquis prend tellement d’importance que les Alliés souhaitent être en relation permanente avec lui : le 25 juillet 1944, ils envoient une mission « Jedburgh » composée de deux officiers, le major anglais Sharp, le lieutenant français Pougnon et un opérateur radio américain, « Johnny », qui rejoignent le maquis à l’Espérou.

-         Les actions à la Libération : Les maquis entrent vraiment en action après les débarquements des Alliés

1)     Après le débarquement en Normandie, le 6 juin 1944, les résistants harcèlent les troupes d’occupation en attaquant les convois isolés, en sabotant les voies ferrées et les lignes téléphoniques de la Wehrmacht. Le maquis Aigoual-Cévennes participe à plusieurs opérations : par exemple, le 18 juillet 1944, à Pont d’Hérault contre un camion de l’armée allemande (sur 18 soldats allemands, 7 tués et 11 blessés faits prisonniers). Mais le 10 août 1944, en tentant de neutraliser la garnison allemande au Vigan, le chef du Corps Franc, « Marceau » est tué. Jean Castan le remplace à la tête du Corps Franc

2)     Après le débarquement en Provence, le 15 août 1944, Hitler donne l’ordre à ses troupes de quitter le sud de la France et de se replier vers le nord-est. Le maquis Aigoual-Cévennes reçoit alors la mission de «tenir et neutraliser la route nationale 99», c’est-à-dire de bloquer ou d’empêcher ce repli. Elle doit, en particulier s’opposer au passage de deux colonnes allemandes, venues de Toulouse et de Rodez. Le 25 août, quand ils apprennent que les troupes allemandes arrivent, les maquisards changent les panneaux routiers, ce qui provoque la dispersion des soldats. Les maquisards attaquent alors à Saint-Hippolyte : ils tuent 38 Allemands, en blessent une cinquantaine et font 250 prisonniers. Le 26 août, ils encerclent les Allemands à Salinelles, près de Sommières, et détruisent une partie de la colonne allemande, avec l’aide de l’aviation alliée….Les combats se poursuivent jusqu’au 28 août et coûtent la vie à 55 résistants. Mais les Allemands, eux, ont des pertes plus élevées : environ 200 tués et 400 blessés. Au total, avec les actions de tous les maquis, 3500 soldats allemands sont mis hors de combat.

Après la libération du Gard, de nombreux maquisards d’Aigoual-Cévennes ont choisi de poursuivre le combat, en s’engageant comme volontaires dans la Brigade du Languedoc, intégrée dans la 1ère Armée Française. 





    
BIBLIOGRAPHIE

Aimé Vielzeuf, On les appelait les bandits, éditions Lacour, 1967

 

Aimé Vielzeuf, au temps des longues nuits, éditions Lacour, 1969

 

Aimé Vielzeuf, Quand le Gard résistait, tome 1, le temps des pionniers, éditions Lacour, 1994

 

Aimé Vielzeuf, Quand le Gard résistait, tome 2, dans le secret des bois, éditions Lacour, 1997

 

Aimé Vielzeuf, Quand le Gard résistait, tome 3, sang et Lumière, éditions Lacour, 1998

 

  Article : Richard Seiler, le maquis Aigoual-Cévennes en 1944    

 

Questionnaire tiré de la « Lettre de la Fondation de la Résistance », en décembre 2002 : douze réponses (archives de M. Chirat)    

 

Photos : archives Aimé Vielzeuf

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